Le stress à l'oeuvre au travail
Fléau sournois. Contrairement aux idées reçues, les salariés calédoniens n'échappent pas au stress au travail et son impact sur l'entreprise est multiple.
Qu'est-ce que le stress ?
C'est un endocrinologue canadien, Hans Selye, qui a le premier utilisé le mot stress. Le terme mesurait la capacité de résistance d'un matériau. Le stress est un mécanisme de réponse déployé par un organisme soumis à des pressions ou contraintes et faisant intervenir sa capacité à résister et à s'adapter. Comme pour un compte en banque, lorsque les ressources matérielles, psychologiques, physiques dont disposent les salariés sont insuffisantes pour faire face aux contraintes, le solde est positif.
Stress positif et négatif
Pour autant, on distingue le stress dit "positif" et le stress "négatif". Dans la version positive, le stress agit comme un dopant naturel ; il nous permet d'être plus productif, de stimuler la motivation, de mieux juger les paramètres de la situation et de s'y préparer en conséquence. Ce "bon stress" a une durée déterminée ; nous vivons une surpression momentanée, acceptée, et nous sommes capables d'y faire face. La réaction de stress nous procure alors un sentiment positif d'acuité et d'efficacité.
Le stress dit "négatif" qui n'est, pour sa part, pas délimité dans le temps épuise nos ressources physiques et mentales. Il nous est difficile de déterminer ce qui l'a déclenché et pourquoi il persiste. Nous avons perdu la notion de notre "régime de croisière" et considérons cet état de surrégime permanent comme la norme. Dès lors et parce que nous sommes sollicités au delà de nos capacités, nous entrons en phase de résistance et nous puisons dans nos réserves. Des troubles du sommeil peuvent apparaître et la fatigue engendrée représente à son tour une perte de ressources ; nous sommes de moins en moins capables de nous adapter à la situation de travail. Au bout du processus, l'organisme peut finir par s'épuiser. Le salarié doit alors s'arrêter.
Risques au travail
La médecine du travail a développé la notion de risques psychosociaux : "psycho" pour décrire l'univers subjectif d'un salarié qui ressent de la pression, une souffrance... et "sociaux", pour la dimension extérieure recouvrant aussi bien l'ambiance au travail et les sources de reconnaissance, que l'organisation du travail et les modes de management.
Si l'épuisement intervient quand les ressources viennent à manquer, ces dernières sont essentiellement du fait du salarié. Cependant, il peut aussi provenir de situations contraignantes au sein de l'entreprise. Quinze ans d'expérience nous ont appris que les relations interpersonnelles dégradées sont la première source de pression au travail en Nouvelle Calédonie : liens managers-managés régulièrement conflictuels et/ou relations entre collègues pesant sur les uns et les autres. Or, les impacts pour l'entreprise sont nombreux : gestion de l'absentéisme et du turn-over, remplacement du personnel, éventuels accident du travail, diminution de la productivité (erreurs, démotivation, conflits), dégradation du climat social voire atteinte à l'image de l'entreprise, en cas de suicide.
La parade ? Identifier les principaux facteurs de risque et déployer, en amont, une démarche volontariste et préventive via la mise en oeuvre, par l'employeur, d'un "plan pour la qualité des relations au travail".
Par Paul Deligny
Un plan pour la qualité des relations ?
Depuis 2011, le Nouvelle Calédonie dispose d'un texte (loi de paysn°2011-5 du 17 octobre 2011) encadrant l'élaboration puis la réalisation d'un plan pour la qualité des relations de travail.
Il est notamment précisé (article Lp113.4) que "L'employeur peut, de sa propre initiative, élaborer un plan pour la qualité des relations de travail comprenant" :
- un diagnostic écrit sur les relationsde travail établi après une enquête ou un audit réalisé dans l'entreprise,
- un programme d'actions (mesures de sensibilisation, de formation et d'amélioration de l'organisation du travail).
La direction du travail, fortement impliquée, propose une aide financière conséquente pour favoriser la mise en oeuvre de ce plan.
En savoir plus : www.dtenc.gouv.nc
Source : Objectif N°94 - Mars 2015