L'absence a un coût

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Rechercher la meilleure compétitivité au sein des entreprises, c’est notamment miser sur quatre axes d’amélioration de la productivité : le temps de travail (flexibilité), la réglementation (contrat de travail, instances représentatives du personnel…), la formation, le développement des compétences, sans oublier l’absentéisme (absence injustifié, sans prévenir, arrêt maladie abusif, etc.).

Défini comme l’ensemble des dépenses de l’entreprise liées à l’utilisation de la main-d’œuvre, le coût du travail comprend donc les salaires bruts versés aux salariés et l’ensemble des cotisations sociales versées par l’employeur. Au-delà de l’aspect financier du coût salarial horaire, il faut prendre en compte la productivité du travail pour calculer au plus près ce coût du travail. Depuis quelques semaines, des discussions se sont ouvertes avec les syndicats de salariés sur le sujet. Différents groupes de travail se sont constitués autour de plusieurs grands enjeux, dont celui de l’absentéisme. « Celui-ci se définit généralement par l’absence d’un employé au travail en fonction d’un horaire entendu et reconnu par l’employé et son employeur, rappelle Marie Tink Long Ki, gérante du cabinet-conseil Teepee. Elle s’exprime au travers de deux éléments : la durée et la fréquence. »

Si les congés anticipés sont des absences incompressibles, il n’en va pas de même pour les absences dites « du vendredi ou du lundi ». « La difficulté est qu’il est impossible de les anticiper et que cela impacte forcément la productivité de l’entreprise, ainsi que la qualité de vie au travail, reprend Marie Tink Long Ki. Or, il faut le savoir, l’absentéisme de courte durée (moins de 3 jours) est contagieux. »

 

Moral du personnel présent en berne

Aucune donnée n’existe actuellement sur ces absences. Difficile dans ces conditions de les quantifier. Rarement sanctionnées, elles sont pourtant un réel frein pour l’entreprise. Et la gérante de Teepee de confirmer : « À moins d’avoir un service DRH qui va gérer la question, notamment par des contre-visites médicales, la problématique du chef d’entreprise de la TPE / PME est surtout de savoir comment conserver sa productivité, la qualité, la relation clients, etc. »

Le coût de l’absence génère des coûts directs, mais également indirects difficilement identifiables et quasiment impossibles à calculer. « Avec l’absentéisme, la productivité diminue, comme la qualité des services, et donc du chiffre d’affaires ; l’image de l’entreprise est affectée, le moral du personnel présent en berne », énumère ainsi Marie Tink Long Ki. Levier social incontournable pour augmenter la productivité dans l’entreprise, la réduction de l’absentéisme ne peut se faire sans la participation des principaux intéressés : les salariés. « Il importe de communiquer sur les conséquences économiques et organisationnelles de l’absence », reconnaît la spécialiste, qui insiste également sur la dimension comportementale, psychologique des salariés. « L’absence peut être le fait d’une contrainte, mais aussi d’une difficulté personnelle, sur laquelle, par anticipation, il est possible d’intervenir. »

Travailler sur la notion de trajectoires professionnelles peut ainsi se révéler pertinent, « à la fois pour prévenir les risques d’usure professionnelle, mais aussi pour offrir des possibilités de développement des compétences aux nouvelles recrues. » La perspective d’avoir une véritable carrière est une grande source de motivation, particulièrement pour ceux qui viennent d’être embauchés. « Dans tous les cas, il ne suffit pas de réprimer ou de payer le présentéisme. »

 

Source : dossier "Travaux sur la compétitivité" - Made In n°35  - Décembre 2015