FIAF : Un fonds pour la formation professionnelle en Nouvelle Calédonie

La coquille est créée, reste à lui donner vie. Le Fonds interprofessionnel d’assurance formation (Fiaf) devrait permettre à toutes les entreprises, même les plus petites, de faire monter leurs salariés en compétence.

 

C’est une petite révolution qui se prépare en douceur. En juin dernier, les partenaires sociaux s’étaient mis d’accord sur la création d’un fonds interprofessionnel d’assurance formation (Fiaf). La structure, associative et gérée de façon paritaire entre patronat et syndicats, a été lancée en octobre 2015 et s’est dotée récemment d’administrateurs et d’un bureau. Elle devrait, à terme, recevoir, gérer et orienter le « pot commun » des entreprises privées : toutes celles qui embauchent au moins un salarié verseront 0,2 % de leur masse salariale pour l’abonder.

Mais pas question de presser le pas : la contribution, uniquement patronale, ne sera pas exigible avant le 1er janvier 2017. Le temps d’affiner le fonctionnement et les objectifs du Fiaf, à l’étude depuis 2009. « Il repose sur un consensus : la montée en compétence des salariés est une des clés du développement du pays, explique Xavier Benoist, chef de file de la Finc (Fédération des industries), qui assure la présidence du conseil d‘administration. Les partenaires sociaux ont fait ce constat ensemble, lors des négociations sur l’emploi local ou sur la compétitivité. À nous de gérer cet outil innovant pour qu’il réponde aux besoins des entreprises. »

 

Contribution de 0,2 %

La structure est prête, mais elle doit encore être assise légalement, par une loi du pays modifiant le code du travail. Si tout va bien, le Congrès devra se prononcer en octobre. « Cela ne devrait pas faire l’objet de négociations politiques, précise un élu, il est assez rare d’avoir une telle unanimité sur un sujet. Qui aurait l’idée de la faire éclater ? » Reste tout de même à communiquer auprès des entreprises, qui verront une ligne de plus s’ajouter à leurs cotisations. « Chacun saura juger que les bénéfices humains sont bien supérieurs à l’investissement, estime Jean-Louis Laval, de l’Union professionnelle artisanale. Ceux qui veulent évoluer, avoir des salariés performants pour pouvoir innover et conquérir de nouveaux marchés ne se poseront pas la question. » Si tout le monde mettra la main à la poche, les petites entreprises seront les premières concernées par le dispositif. Celles qui ne sont pas soumises à la règle des 0,7 %* sont « jusqu’à maintenant laissées de côté de la formation continue », regrette Jean-Pierre Kabar, patron de la Cogetra. « La mise en commun permettra de trouver des formations adaptées, même quand il n’y a qu’un employé à former. »

 

Question de priorités

Reste à évaluer les besoins du pays. « Définir des priorités en termes de secteurs ou de métier est un des grands défis du Fiaf dans les mois à venir, explique la représentante du Medef Valérie Zaoui. Les données existent, à l’IDC-NC ou via les travaux de la commission paritaire pour l’emploi local, mais il faudra mener des études plus complètes. Et faire remonter les informations depuis les branches ou les entreprises. » Certains ont déjà des idées sur les secteurs prioritaires, comme celui de la sécurité, où une montée en compétence généralisée est exigée par la réglementation. « On pourrait en citer des dizaines d’autres, note Xavier Benoist, nous devons, avant toute décision, avoir une vision globale des besoins et de l’offre de formation, qui va certainement évoluer avec ce nouvel outil. »

 

Source : les Nouvelles Calédoniennes